Barcelonnette - septembre 2015


Jour 0 et jour 1 – Les 29 et 30 août 2015 à Barcelonnette.
Descente bien tranquille sur Gap et environs question d’arriver dans de bonnes conditions à Barcelonnette. Et le séjour commence plutôt bien à l’Hôtel du Cheval Blanc situé en plein centre-ville. Calés autour d’une table extérieure dressée pour nous six en plein piétonnier nous découvrons le petit blanc et rouge du coin tout en admirant toutes les «crevaisons» qui, légèrement vêtues vu le temps clément du moment déambulent dans le piétonnier. Verre à la main, l’œil aux aguets nous arrivons malgré tout à nous concerter sur le programme du lendemain: nous optons pour les environs du Col de la Bonette et les + 2000 qui sont disséminés aux alentours.
C’est parti, ce dimanche 29 août à plus de 2.500 m d’altitude notre plaine de jeux s’étale sous nos yeux. Les cyclos, les motards et les autres motorisés à 4 roues sont encore rares à cette heure relativement matinale ce qui laisse la part belle aux vautours fauve qui très nombreux décrivent de majestueuses arabesques dans le ciel juste au-dessus de nos têtes.
Pour la partie VTT, cela commence fort, par le col de Pelouse (2553 m), le premier de la journée. Au départ de la route vers Nice il nous faut trouver le petit muletier caché dans une épingle à cheveux, surtout ne pas le louper est la devise. Trouvé; même Michel a su s’arrêter à temps; mais le sentier n’est vraiment pas facile à cycler surtout pour une première. Les ornières et les rochers qui affleurent rendent la pratique du VTT très technique, donc l’exercice n’est pas évident pour la plupart d’entre nous qui découvrons de plus un VTT quasi neuf (freins à disques obligent). L’intention d’essayer de suivre le chef chamois Alain est donc bien vite rangée dans nos sacs-à-dos.
Arrivé au Col de Pelouse, le chemin le plus évident pour poursuivre notre piste est nous semble-t-il de couper à travers tout pour rejoindre la route en contrebas. L’exercice est amusant, chacun essayant de trouver le tracé le plus adéquat qui de toute façon n’existe pas vraiment et cela en plein Parc National du Mercantour! Faut oser, pas avoir froid aux yeux mais cela (de plus un dimanche) nous l’apprendrons plus tard dans la journée…
Suivra le Col des Fourches (2261 m) avec sa vue magnifique sur un immense cirque qui, je le suppose, a dû un jour abriter en partie un glacier et sauf erreur de ma part c’est Pascal qui y trouve l’endroit le plus privilégié en vue d’y implanter dans un futur proche ou lointain son cabinet dentaire le plus haut d’Europe.
Remontée sur le Col de Raspaillon (2513 m) puis vers le contournement de la Cime de la Bonette avec la ferme intention de redescendre ensuite vers les deux Cols de Restefond tous deux situés sur des muletiers de part et d’autre du versant côté Jausiers de la Bonette. La grande majorité des cyclos qui montent à vélo version route vers la Bonette via ce versant s’imaginent cycler également le Col de Restefond mais sont bien loin de s’imaginer qu’en vérité ils loupent les deux cols situés en contrebas (pour le Faux Col de Restefond) et en surplomb de la route (pour le vrai). Au Faux Col de Restefond (2639 m) nous décidons d’entamer canifs à la main les préparatifs en vue d’un déjeuner baguette, fromage et saucisson achetés au matin à Barcelonnette, lorsqu’une petite Peugeot 208 blanche flanquée d’un sticker « Parc National du Mercantour » déboule du muletier. En sort un Agent sans sourire, équipé de jumelles, d’un bic bic et d’un petit carnet à PV’s.
Messieurs… des chaussures sont tolérés, par contre pas de roues tolérés dans le Parc en dehors des pistes. Ah bon Monsieur l’Agent… nous ne savions pas, nous belges très gentils et manger une fois pain français avec saucisson sanglier relevé au poivre. Sur ce nous pensons comprendre sans comprendre qu’il y a piste autorisée et piste prohibée dans le coin, mais tout fini bien car nous n’aurons pas à liquider notre cagnotte.
Une petite heure plus tard nous mettons les voiles de nos VTT direction le vrai Col de Restefond (2692 m). Petit bout d’asphalte puis toutes gauche nous prenons le sentier qui démarre en raidillon technique tout en ayant bien soin de ne pas culbuter par-dessus les grosses pierres qui bloquent l’accès aux quatre roues ni de s’empaler sur un petit piquet en bois anodin. Arrivé au col nous prenons le temps de regarder sous toutes les coutures les vestiges anciens de la ligne Maginot qui devait permettre ici d’empêcher une invasion du pays par les voisins/ennemis italiens. Le temps aussi de parler avec l’un ou l’autre randonneur, le temps pour Ghislain de sortir l’appareil photo en vue d’immortaliser l’instant et voilà que dans notre champ de vision réapparaît à pied cette fois Mr l’Agent d’il y a peu.
Dîtes les gars vous ne savez vraiment pas lire ou quoi, n’avez pas vu le panneau « interdit aux vélos » plus bas sur le poteau. Vous êtes passé devant, je vous observais avec mes jumelles. Et nous en cœur : non Mr l’Agent on allait trop vite on n’a rien vu, on vous jure on n’a rien vu. On aurait voulu voir mais nous n’avons pas vu et le GPS a vu que c’était par ici… Ne vous énervez pas Mr l’Agent, nous allons redescendre en vélo, pardon à pied avec le vélo sur le dos. A quoi l’Agent magnanime avec un léger sourire aux lèvres devant notre désarroi nous lance « mais non, allez, redescendez à vélo, mais que je ne vous y reprenne pas une troisième fois ». Nous remercions l’Agent pour sa compréhension et demandons à toutes fins utiles si le col de la Moutière (2444 m) que nous comptons faire dans la foulée est lui bien autorisé aux vélos. Oui, il l’est à condition de rester sur la piste. Ouf…
Retour au pied du Col et effectivement le piquet est bien là, cela nous le savions, mais le panneau aussi et celui-là nous ne l’avions vraiment pas vu et pour cause sa taille : 8 cm sur 8 cm à tout casser.
Et le Col de la Moutière c’est comment ? Et ben, piste pas évidente mais cyclable, pas facile mais plutôt dure, mais quel calme, surtout un dimanche par beau temps quand les motards prennent d’assault la Bonette à quelques kilomètres de vol de vautour fauve de là.
Conseil: optez plutôt de cycler la Bonette en semaine, Eric et moi-même avons pu comparer quelques jours plus tard. Le jour et la nuit…

Bertil

Le Parpaillon ...
Col mythique culminant à 2637 m séparant la vallée de la Durance et de l’Ubaye.
Avant de partir on se partage le pique-nique dans nos différents sacs à dos. Départ depuis la Condamine-Châtelard vers 9h20’, beau temps, ciel bleu.
A peine partis, bingo tout de suite du 10% minimum et cela pendant 6 km mais avec comme revêtement une belle route goudronnée ! Arrivés à Ste-Anne (dernier village habité) on laisse l’équipe se reconstituer, on reprend son souffle, et hop on passe au plat de résistance. Là, fini de rigoler, on rentre dans le vif du sujet, la belle route, on oublie, on attaque sur du mauvais chemin très caillouteux qui ne nous lâchera plus jusqu’au sommet.
On progresse lentement avec de temps à autre une petite pause pour reprendre un peu son souffle, prendre la photo souvenir. Le paysage grandiose aussi vaut plusieurs arrêts: écouter le vent, essayer de repérer l’une ou l’autre marmotte. Le chemin est encore long, mais la beauté du lieu nous aide à gravir les pentes ardues. Au fur et à mesure que l’on monte le souffle se fait de plus en plus court, on devrait commencer à approcher du top, mais non dijuu c’est encore loin ? Allez, après ce virage là on va peut-être voir l’entrée du tunnel ! Zut pas encore, il faudra encore attendre le suivant ! Mais le voilà enfin ce tunnel, ouf on y est arrivés les gars, bravo, il est environ 13h00.
Reste à traverser ce tunnel. J’ajuste ma lampe frontale et je m’engouffre dans ce trou noir n’y voyant pas grand-chose, j’essaye de ne pas mettre pied à terre car le sol est très boueux mais après 500 m j’atteins l’autre extrémité et j’attends le reste de l’équipe. Après quelques photos de groupe, on se trouve un petit coin à l’abri du vent et, moment attendu, on partage une bouteille de vin rouge et on casse la croute.
Alain et Pascal descendent 2.5km pour aller chercher le col de Girabeau (2488 m) pendant ce temps-là nous on fait une petite sieste . . .
Lorsque l’équipe est à nouveau au complet, on retraverse le tunnel et on plonge (pour certains) dans la descente. Un régal ! A un certain moment une jeune marmotte surgit devant le vélo d’Eric et traverse à toute allure le chemin, elle ne s’attendait pas à nous voir de si près.
Arrivé au pont de Bérard enjambant le torrent Bérard, Pascal nous offre une 1664 bien méritée auprès d’un berger retraité vivant seul dans son chalet. Après quoi nous descendons à toute allure (vu la pente) jusqu’au parking des voitures.
Quelle belle journée nous avons passée là-haut, très beau souvenir!
Pour moi c’est le col que je voulais refaire absolument, il est intact, force le respect, représente un travail de l’homme colossal, il faut quand même se rendre compte que ce tunnel a été construit entre 1891 et l’année 1902 !
Et pour finir: le dicton du jour : A part Paillon, t’as vu quelqu’un? Oui, nous étions quelques-uns.

Ghislain

Un tirage au sort au début du voyage nous attribue à chacun une journée en vue d’en faire le compte-rendu. J’aurais tant aimé «tiré» le jour où nous allions à l’assaut du Parpaillon ! Raté, je tombe sur le jour 3… le Parpaillon, c’était la veille…
Dès le lever du jour, le ciel plombé ne m’inspire guère; il ne pleut pas encore, mais cela ne saurait tarder. Aurais-je à décrire une journée de repos ? Mais non, tous sont en tenue cyclo au petit déjeuner. Vu la chute des températures annoncée la veille par notre monsieur météo - alias Eric -, Alain a enfilé sa combinaison de plongée et cela ne présage rien de bon ! Mais bon, puisqu’il faut y aller…
Transfert en voiture jusqu’à notre point de départ….et voilà la drache nationale – française - qui s’invite ! Oups, je m’endors dans la voiture (rassurez-vous, je ne conduisais pas !) en me répétant sans cesse comme pour me réconforter : « petite pluie du matin n’arrête pas un boldairien ! » (et ça rime !) Et arrivés sur place, oh miracle: à peine les vélos déchargés, graissés, huilés, disqués (les freins, bien entendu !), pompés,… voici que les robinets célestes se ferment….ouf !
Au programme de cette journée, plusieurs cols autour du village de Seynes-les-Alpes. Ce nom ne vous dit peut-être plus rien et pourtant nous sommes à une encablure du crash de l’avion dans les alpes françaises au début de cette année; triste souvenir !
Premiers tours de roue, et pas des plus faciles, pour gravir la pente qui remonte du parking, et puis une bordure à négocier, et… patatras pour Bertje ! Rien de bien grave, quelques égratignures… Et nous voici repartis, direction le col Bas, mais pas si bas que cela… 2113m ! J’en ai connu des plus bas ! On ne distingue pas le sommet de la montagne, allons-nous rouler dans les nuages ? Une belle route forestière comme on les aime bien, pourcentage correct, et quelques beaux panoramas sur la vallée pendant que les nuages se disloquent. Petite photo au sommet, et retour en sens inverse pour une longue descente et qui aurait cru qu’on allait rencontrer une voiture au détour d’un virage… ? Pris au dépourvu, je n’ai que le temps de me rabattre et m’aplatir contre le rocher… la voiture s’arrête net, elle cale, mais ça, c’est son problème… En tout cas, pour moi qui n’aime pas les descentes,… quelle frayeur. Heureusement que je n’ai pas croisé un chien,… çà aurait été la totale ! Ce sera tout de même arrivé le dernier jour et encore merci à Alain de m’avoir sauvé de ses griffes et ses crocs….
On nous annonce un tout petit col avant le dîner et là, on s’enfonce dans un petit bois; je ne devrai pas utiliser la machette que je transporte avec moi, mais il s’en faut de peu ! Et pour trouver le col,… sans GPS, tu oublies… et pour la plaque, tu reviendras !
Midi est déjà bien loin quand nous cherchons à nous restaurer, et un sympathique patron nous accueille les bras ouverts… nous serons sans doute les seuls convives de sa journée, mais qu’est ce qu’on s’est bien sustentés ! Au comptoir du bar, les locaux parlent encore du bruit entendu lors du crash de l’avion… frissons dans le dos….
Pour l’après-midi, un petit col sur la route, 3-4 km de montée de quoi faire descendre son dîner… mais la température monte et c’est là qu’Alain apprécie tous les bienfaits de son équipement: chaleur et moiteur sont au rendez-vous. En deuxième partie de col, je me sens pousser des ailes mais pas assez pour rejoindre Ghislain et Michel, et puis ils m’ont vu revenir, donc c’est raté….
Finalement, pour la journée qui s'annonçait la plus moche de la semaine, on s’en sort plus qu’honorablement…
En guise de conclusion, et étant, je pense, le plus jeune de la bande des 6, je voudrais tirer mon chapeau et saluer le courage à tous pour venir à bout des ces routes et chemins montagnards que j’apprécie tellement et en tellement bonne compagnie…
Encore merci aux organisateurs, Alain et Bertil…

Pascal

Aujourd'hui, quatrième jour, la météo reste clémente; ce sera une belle journée!
Au programme, le col de Cloche (2054m) par le col des Alaris.
Nous quittons Barcelonnette par un beau petit chemin goudronné, pique-nique dans les sacs à dos et bonne humeur dans les têtes. Ça grimpe tout de suite et les pourcentages ne nous quitteront plus, surtout dès que nous progresserons le long d'un magnifique petit chemin forestier qui nous amène au col des Alaris.
Nous roulerons ensuite sur un chemin relativement plat qui nous conduit à la maison forestière des Alaris; et c'est ici que commence notre découverte des joies du portage, de passage de ruisseaux, rus et ravines. Nous monterons ainsi, certains accompagnés de leur fidèle monture, d'autres sans...(même le petit poucet était présent) jusqu'au col de Cloche! Et là, soleil, ciel bleu, panorama sublime ainsi qu'un pique-nique bien mérité. Qu'on est bien,... mais il faut repartir!
Certains retournent sur leurs pas et d'autres choisissent de continuer l'exploration des chemins en repartant par une magnifique descente permettant de bien s'amuser et de rejoindre Barcelonnette par les Gorges du Bachelard; superbe!
Nous revoilà donc de retour à Barcelonnette pour un apéro et un repas roboratif et délicieux! Que du bonheur!

Alain

Ce sera un voyage «à la carte», nous avait dit Bertil. Il est donc temps d’abattre nos derniers atouts.
C’est ainsi que chacun y va de ses souhaits pour cette dernière journée en montagne. Pour Bertil, les "carreaux" s’imposent: normal puisque c’est la dernière "fenêtre" qu’il lui reste pour s’engager sur la longue et impressionnante montée du col de la Bonnette, dont la cime culmine à plus de 2800 mètres.
Pour Pascal et Alain, ça sera "piques". Et c’est un fait: ils auront besoin de piolets, voire de crampons, pour s’engager sur d’improbables chemins, plus proches du GR que du single track vtt. Mais avec de telles cartes en main (et un gps !), c’est 3 cols à plus de 2000m qu’ils engrangeront lors de cette ultime journée. Bravo les gars !
Restent Ghislain, Michel et moi. On compare le jeu de chacun et pour nous, ce sera "cœurs". Et quel coup de cœur que cette montée de la Cayolle… Splendide ! Avec, en prime, là-haut, 'l’ancien col de la Cayolle' que personne n’avait jamais épinglé à son tableau de chasse.
C’est donc parti pour cette très belle ascension, sans doute l’une des plus belles grimpettes de ce coin des Alpes. Enfin … quand je dis que c’est parti… oui, mais c’est revenu aussi vite pour Ghislain qui avait oublié son sac à dos à l’hôtel… Le souci de s’alléger au maximum, sans doute. Regroupement donc, après une dizaine de kilomètres, histoire de sortir des gorges du Bachelard et de se retrouver sous le soleil, omniprésent ces quelques jours. On traverse le torrent longé depuis Barcelonnette pour attaquer la partie la plus pentue du col. Et là… surprise ! On retrouve le ‘Yeti’ de la Cayolle, vieille connaissance datant de la traversée des Alpes en 2012 ;).
C’est au sprint, bien lancé par Ghislain, que Michel franchira le sommet. S’en suit la traditionnelle photo de famille devant la stèle du col et la quête, hors-piste, de l’ancien col. Ces 200m, on les fera à pied, bien-sûr… On le sait désormais, pour s’être fait tirer l’oreille à plus d’une reprise: la police du Parc national du Mercantour a l’œil et n’apprécie que modérément les incartades des vététistes.
Retour donc sur l’asphalte pour se laisser descendre vers Barcelonnette. A mi-pente, une petite auberge bien sympa, nous décide à récupérer là toutes les calories dépensées dans l’autre sens. La très bonne cuisine de Grand-mère qui nous y sera servie enlèvera tous les suffrages.
Un dernier verre avec tout le groupe sur la place de Barcelonnette, retour à l’hôtel et il est tout doucement temps de penser à sa valise…
Six jours de vélo dans un tel décor et presque toujours sous le soleil, ça passe vite !

Eric