Posté le 1er juin

« Seul au monde dans une foule immense » …

… tel serait le titre de cette journée qui fut une grande première pour moi.

7h26, gare d’Enghien, il y bien du monde pour ce dimanche annoncé caniculaire. Rencontre avec un ami d’école qui va faire les « puces » à Bruxelles. Dans le train, moitié des voyageurs allant faire bronzette à la mer du Nord et l’autre moitié en tenue de jogging bigarrée, casquette vissée sur le crâne et polar au bras; à mon avis, je ne serai pas seul au départ des 20km. Les conversations vont bon train sur la chaleur prévue ou le chrono espéré…

8h, gare centrale, de plus en plus de monde; difficile pour moi de m’y retrouver dans tous ces couloirs, n’ayant plus mis les pieds dans la capitale depuis plusieurs années. Question sécurité, c’est le top: on ne compte plus le nombre de policiers et de militaires en faction. Mon ticket de métro en main, il m’a fallu chercher un peu le moyen de le valider; j’en étais encore au temps où l’on introduisait le ticket dans une fente ad hoc et où il ressortait plus loin….

8h15, le métro arrive en station… au cours du voyage, j’observe les gens: il y fait moite et on lit sur les visages des joggeurs une certaine concentration ou peut-être une appréhension de l’événement qu’ils vont vivre aujourd’hui… et à côté, des Bruxellois se rendant peut-être au marché matinal ou à leur travail…

8h20, passage à la station Maelbeek, une pensée toute particulière pour les victimes des attentats de Bruxelles.

8h30, arrivée sur le site du Cinquantenaire, les joggeurs arrivent de tous côtés et s’affairent à trouver leur lieu de RV, le guichet de remise des dossards ou le stand de l’association pour laquelle ils se sont investis.. A ce propos, MSF s’était occupé de tout le volet administratif en nous envoyant à domicile dossards, T-shirt,… quel service!

De passage devant l’affiche officielle des 20 km de Bruxelles, je demande à un quidam de me prendre en photo..

8h45, le ciel s’assombrit brusquement: sauve-qui-peut, tout le monde s’abrite comme il le peut sous les arches du cinquantenaire. C’est une bénédiction du ciel, cette pluie providentielle que l’on attendait depuis longtemps et qui va rafraîchir cette atmosphère étouffante et refroidir le bitume qui sera bientôt foulé par 40000 personnes… un petit quart d’heure d’averse et l’éclaircie est déjà de retour… ouf! je n’avais en effet pas prévu de vêtements de pluie..

9h00, direction le stand de MSF, où nous sommes accueillis avec des boissons rafraîchissantes et des vitamines sous forme d’orange..;  le temps de déposer mes affaires à la consigne, je croise le ministre Alexander de Croo, courant aussi sous les couleurs de MSF: « dag mijnheer de minister »; il vient d’arriver, en toute simplicité, pas vu de garde du corps… une interview au passage et quelques photos par ses fans…

9h15, tout ce beau monde MSF se place pour la photo de famille. Je me place derrière le directeur de MSF et, oh surprise, le ministre vient se mettre à côté de moi… ambiance très décontractée sur et autour du stand!

9h30, il est temps à présent de rejoindre son box de départ. On m’a attribué le box numéro 5 (sur 6), en sachant qu’un box compte +/- 7000 joggeurs.

On ne pourra pas dire aussi qu’on ne nous a pas ravitaillé en eau avant, pendant et après l’épreuve: on vous tend des bouteilles d’eau d’un peu partout. Petit besoin urgent contre la haie du « box »! je vous rassure, je suis loin d’être le seul! Mieux vaut être soulagé avant le départ…

9h45, plus qu’un quart d’heure avant le départ: dans les hauts-parleurs, on diffuse le boléro de Ravel à toute puissance, j’adore! A 2 minutes du départ officiel, retentit la Brabançonne, si, si…

Je regarde autour de moi: du monde, certes, mais pas de connaissances… je vais courir seul dans cette foule immense, et donc, il sera difficile de se calquer sur le rythme de qqn; je tiendrai alors ma montre à l’oeil… si je veux tenir un bon rythme.

10h00, Une grosse détonation! c’est le signal du départ, donné par la princesse Astrid si j’ai bien entendu??? Et c’est l’hymne européen qui s’ensuit…Naturellement, d’où je me trouve, assez loin, on ne voit rien bouger. Il faut savoir que les box s’ouvrent à tour de rôle toutes les 5 minutes et que le temps réel de départ de chaque participant est pris par « Garmin » en sortant du Parc. Donc pas vu les premiers s’élancer… il nous (box 5) reste encore 20 bonnes minutes de patience avant de se  dérouiller les jambes. Autour de moi, c’est la concentration maximale, quelques exercices d’échauffement, mais… comme il fait déjà chaud, est-ce utile?

10h10, Détonation à chaque départ de box et cela nous fait sursauter à chaque fois… le 3 est ouvert par le Maïeur de Bruxelles, Yvan de son prénom. C’est le box devant le nôtre et il se vide comme un entonnoir bien plus vite qu’il ne s’est rempli….

10h20, On nous annonce l’ambassadeur du Japon en Belgique qui va « ouvrir » notre box et c’est parti! Je n’oublie pas d’enclencher la montre chrono lorsque je passe sur « Garmin ». Un salut au passage à Charles, notre « premier », venu nous encourager depuis la tribune d’honneur. Et un orchestre rythme nos premiers pas, sous les applaudissements et les vivas d’une foule venue nombreuse. Impossible de courir au départ, les niveaux sont tellement différents et il faut zigzaguer sans cesse entre les participants, ou à défaut, marcher quelques mètres avant de pouvoir dépasser…

Km 1: je consulte ma montre, déjà 6 minutes 30 de course, cela confirme mes premières impressions, et je devrai courir sur les trottoirs si je veux aller plus vite…

Km 2: de passage devant le palais royal, je regarde en vain si notre roi Philippe est à son balcon, à moins qu’il ne soit aussi dans l’épreuve…

Si en vélo, je n’aime pas trop les pavés,… à pied non plus, surtout que les pavés autour du palais ont été rendus glissants par la pluie matinale; attention donc aux foulures et plus loin aussi, lorsque nous suivrons les rails du tram.

Mais voici que pointe le premier gros ravitaillement en eau: boire beaucoup et s’asperger, tels sont les conseils maintes fois répétés ce we, on ne s’en prive pas… j’en profite ici pour féliciter et remercier tous les bénévoles répartis tout au long du parcours!

Km 3: après le palais de justice, direction avenue Louise et plusieurs tunnels vont s’enchaîner. Un peu d’ombre ne fait pas de tort,…mais malheureusement l’air inhalé n’est pas des plus bénéfique..vivement la sortie… mais le soleil cogne encore plus fort!

Km 6: traversée du bois de la Cambre: je m’y reconnais sur ces routes maintes fois prises dans ma jeunesse pour me rendre à l’Unif. Il est possible de courir  à l’ombre des arbres majestueux qui jalonnent notre route.

Un groupe de percussions résonne sur la gauche; j’ai une pensée toute particulière pour Patrick « Pouter » qui nous a quitté cette semaine et à qui je dédie cette course aujourd’hui.

Km 10: Un Dj que j’ai déjà vu (25h spinning) met une ambiance à tout casser depuis sa console qui surplombe l’arche des 10km. Je me sens dans un rythme de croisière en espérant pouvoir le garder par la suite. Merci d’ailleurs à tous ceux qui m’ont prodigué de très bons conseils que j’ai scrupuleusement suivis pour être au top le jour venu. Ils se reconnaîtront…

Km 11: la seule épreuve à laquelle j’ai participé cette année faisait 11 km et c’était il y a une bonne semaine. Donc après cette distance, c’est l’inconnue…je n’oublie donc pas de me ravitailler en eau à chaque occasion (une boisson isostar entre deux) et je poursuis mon petit bonhomme de chemin… j’ai l’impression un moment d’arriver à la hauteur des derniers joggeurs du « box » qui est parti avant moi; le rythme ralentit et il faut toujours se frayer un chemin parmi les participants, un coup à gauche, un coup à droite, en évitant de se mêler les pinceaux avec les jambes des autres participants. C’est tout un sport!

Km 12: une descente se profile devant nous, on m’avait dit d’en profiter pour rallonger ma foulée, je ne m’en prive donc pas…; de chaque côté de la route, des kilomètres de barrières Nadar sont déroulés et une foule de plus en plus dense s’y masse au fur et à mesure qu’on arrive vers la fin. Tout le long, des enfants nous encouragent aussi et tendent leurs mains pour les toucher, je me prête au jeu et ils adorent… « bravo, Monsieur », nous crient-ils…

Km 15: passage sous l’E411; trois-quart du parcours effectué, c’est le moment de bien gérer avant la dernière montée du circuit. Je ralentis un peu, mais c’est difficile, tellement la foule nous porte!

Je passe à côté d’une joëlette entraînée par deux coureurs. Chapeau bas! Et aussi une chaise roulante poussée par un participant, bravo!

Tout le long du parcours, la croix-rouge est bien présente et en alerte de même que la police et l’armée. C’est vrai qu’on pouvait craindre des problèmes dans un tel rassemblement de personnes, surtout après les événements récents.

Km 17: la voilà cette fameuse côte de l’avenue de Tervueren. On m’en avait tellement parlé que je la voyais nettement plus raide. Ce n’est pas le Muur de Grammont, ouf!, mais çà monte régulièrement sur 1 bon kilomètre, et une douche artificielle nous arrose copieusement à deux reprises… et c’est le très bienvenu!

Km 18: plus que deux et dans le fond, les arches du Cinquantenaire se détachent sur l’horizon… dernière ligne droite et j’en profite pour accélérer quelque peu.. comme on dit en vélo: « çà sent l’écurie ».

Rond-point Montgoméry en surface (ouf!), et la foule, de plus en plus dense pour nous applaudir… et nous transporter vers le final.

Km 19: c’est presque la fin; à l’entrée du parc du Cinquantenaire, je passe devant le stand MSF avec les félicitations des bénévoles de l’association; ceux-là, je les ai reconnus avec leurs T-shirts aux couleurs de l’ONG.

Plus que quelques mètres alors avant d’en finir et de passer le portique d’arrivée, avec une immense satisfaction d’y être parvenu,… une émotion aussi comme à chaque fois que l’on réalise un nouveau défi.

Toute une foule de joggeurs attendent de recevoir leur médaille commémorative bien méritée, surtout en cette journée de forte chaleur!

En tout cas, félicitations à tous, à toutes ces personnes anonymes rencontrées ce matin, des plus jeunes aux plus âgés, pour avoir souvent dépassé leurs limites… bravo aussi aux quelques potes du Cyclo Bol d’Air présents également et à d’autres connaissances qui m’avaient annoncé leur participation….

Quelques étirements effectués et me voici de retour au stand MSF; il y règne une atmosphère très bon enfant, comme une après-midi à la campagne; le moindre brin d’herbe du parc est occupé par des familles, des groupes d’amis,… dissertant à propos de  leur course…;  j’y rencontre trois enghiennois, dont Jean-Charles que je connais via mon filleul. Le temps de partager avec eux une assiette de pâtes, de saluer une dernière fois l’équipe de MSF, et c’est déjà le chemin du retour vers Enghien… en me disant: « à la prochaine ».

A vous qui lisez ceci, je vous invite aussi à relever ce défi… moyennant un minimum d’entraînement, on y arrive!…

Pascal

PS: à voir samedi prochain, 3 juin à 10h35, sur la RTBF, un reportage sur les 20 km de Bruxelles.