Publié le 3 avril 2017

Philippe tu nous as comblé

Un soleil radieux, des arbres en fleurs, des bourgeons qui éclatent sous la pression de la sève printanière décorant magnifiquement la campagne flandrienne. Voilà le cadre de ce Tour des Flandres cycliste 2017.
Un long ruban de cyclistes sillonne à toute allure les chaussées étroites menant au pied des monts rocailleux. Les premiers bondissent sur les pavés en serrant les dents, les suivants s’agglutinent en troupeau informe et patientent en essayant d’éviter la chute.

Soudain on voit notre Gilbert se montrer au devant au moment où on ne l’attendait pas encore. Trop tôt s’écrient certains, il va se fatiguer au profit des autres.

Il avale goulument comme une friandise le mur que je connais bien et qui m’a déjà tant fait souffrir.

Déjà certains adversaires sont contraints de puiser dans leurs réserves pour essayer de boucher le trou.

Plus tard mais encore à 60 km du terme, il se présente en tête au pied du Vieux Kwaremont et progressivement il lâche tous ses compagnons d’échappée. Il se permet même de se retourner et semble presque étonné de se retrouver largement seul en tête.

Il poursuit son effort à son rythme sans se préoccuper du silence embarrassé de son directeur d’équipe qui apparemment ne sait trop que lui conseiller tellement il est surpris.

Philippe ne fait qu’une bouchée du célèbre Patersberg.

Le public, pris de délire, encourage le champion et agite les drapeaux arborant fièrement le lion des Flandres.

Et oui voilà Philippe seul contre tous lancé dans un véritable contre la montre après 200 km. Il ne faiblit pas, il gère en vrai professionnel. Par moment il manque d’informations et se permet d’interroger l’un ou l’autre au passage, comme s’il se promenait. Incroyable! Certains le comparent à Eddy!

Derrière on essaye de s’organiser, les rivaux tentent de réagir un peu tard et se prennent les roues dans les enseignes publicitaires. Une chute, des plaies et des bosses. Certains se relèvent et poursuivent. D’autres ont moins de chance.

Et devant Philippe continue avec panache malgré la fatigue et les pavés qui se dressent sur son chemin encore et encore. Seul contre tous, seul contre la crainte du coup de pompe, contre la peur de la chute, avec pour seul compagnon le soleil qui semble lui sourire enfin dans ce merveilleux tour des Flandres.
Puis vient une longue ligne droite interminable.On décompte les kilomètres avec anxiété. Tous sont comme « suspendus » à ses roues.

Malgré tous leurs efforts les adversaires ne parviendront pas à revenir et Philippe s’accordera même le luxe de descendre de vélo et de franchir la ligne en le brandissant fièrement aux yeux du monde entier amassé  devant les petits écrans.

Il y a longtemps qu’un champion cycliste ne m’avait plus fait vibrer comme hier.

Merci Gilbert pour ton morceau de bravoure, merci au sport cycliste.

Jean-Pierre